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Interview de Clémentine Poidatz: « A un moment, Mars me rendait dingue »

Alors que la deuxième saison de la série Mars est actuellement en préparation, l’actrice Clémentine Poidatz, qui joue le rôle d’Amélie Durand dans la série, nous a accordé une interview dans laquelle elle revient sur son rôle et sur sa nouvelle passion pour la planète rouge.

Comment s’est fait le contact avec National Geographic ?

Clémentine Poidatz © Agence Adéquat
Clémentine Poidatz © Agence Adéquat

Clémentine Poidatz : C’est mon agent qui a eu connaissance de ce projet alors que celui-ci était encore au stade de pré-production. A l’origine, la série devait s’appeler Red Planet et mon personnage devait être une américaine. Mon agent s’est donc renseigné sur les personnes qui organisaient les castings. J’avais déjà tourné aux États-Unis et mon anglais est assez bon, j’imagine que c’est pour cela que j’ai été retenue. Après quelques essais faits à distance depuis chez moi, je suis allée à Londres pour rencontrer le réalisateur et les producteurs.

 

Est-ce que l’espace vous a toujours passionné ou est-ce que vous vous y êtes intéressée pour la série ?

C.P : Pour être honnête, je n’y connaissais rien en sciences et à l’école j’étais mauvaise en maths. Je pensais que l’exploration spatiale ne m’intéressait pas, que c’était une perte d’argent. Je pensais même que la Terre était au centre de l’univers et je ne savais pas combien il y a de planètes dans le Système Solaire ! Mais quand j’ai commencé à mettre les doigts là-dedans, j’ai été très vite passionnée.

C’est la première fois que je fais une série avec un rôle récurrent, les règles à suivre sont différentes. Mars est une aventure longue et le personnage est finalement assez éloigné de moi. J’ai peur en avion alors qu’avec la série Mars, je me retrouve dans un équipage d’astronautes à piloter un vaisseau spatial ! Ce rôle a changé beaucoup de choses dans ma vie. Cela m’a en quelque sorte ouvert un champ des possibles en me donnant envie de voyager, de découvrir l’ailleurs.

Pour préparer le tournage de Mars, vous avez vécu un véritable entrainement d’astronaute, en quoi cela consistait exactement ?

C.P : Quand on était en tournage, l’équipe continuait à écrire sur le scénario, nous étions en contact avec des gens de la NASA et de SpaceX. C’était génial de pouvoir visiter leurs installations à Los Angeles, de voir les capsules et tous ces équipements. J’ai aussi passé beaucoup de temps avec Stephen Petranek, c’est quelqu’un qui est heureux de partager son savoir. Je me suis vraiment sentie honorée de pouvoir apprendre à ses côtés.

Nous avons aussi suivi un entrainement avec Mae Jamison. Cette ancienne astronaute est très investie dans l’éducation, elle a notamment créé un programme pour sensibiliser les jeunes au voyage spatial. Mae nous a appris à nous parler entre nous, sans tomber dans les clichés. Elle nous a aussi permis de comprendre certains détails du scénario. Quand on y connait rien, quand on sait pas comment piloter, quelles sont les procédures pour atterrir, c’est plus compliqué de rentrer dans le rôle. Elle nous a aussi expliqué à quels dommages corporels les astronautes sont exposés, à ce que le corps subit lorsqu’il est en situation de gravité zéro. Par exemple, lors d’un entrainement en piscine, on nous maintenait la tête sous l’eau pour simuler le manque d’oxygène et nous sensibiliser au fait qu’une fois dans l’espace, le corps passe par des phases très difficiles.

J’ai découvert que les astronautes aussi font des blagues, qu’ils tombent amoureux. Il fallait que l’on soit capable de casser cette image de super-héros « porte drapeau » et d’en faire des vraies personnes. Pour nous mettre dans l’état d’esprit des astronautes qui vivront ce type de mission, Mae insistait sur le fait que nos personnages laissaient tout derrière eux, qu’une fois sur place ils n’ont plus de famille, plus d’ami, plus de compte en banque, plus rien.

Docteur Mae nous apprenait à être court, précis, car nos coéquipiers doivent nous comprendre et nous entendre. On nous a aussi appris le vocabulaire technique, quelques abréviations, notamment pour les scènes de pilotage. Sammi Rotibi, qui joue le personnage de Robert Foucault dans la série, s’y connaissait déjà en aviation et ce genre de chose, donc ça a été plus facile pour lui. On a aussi eu des cours sur la composition des sols, sur le relief, sur la durée d’une année. C’est vraiment génial de pouvoir apprendre tout cela. Elle nous a ouvert les yeux par rapport au fait que les astronautes sont préparés à toute sorte de situation. C’est un métier effrayant mais je pense que l’optimisme l’emporte sur la crainte et la peur.

Avant de jouer pour cette série, je ne savais pas à quel point c’était important d’aller sur Mars, je pense en fait que beaucoup de gens l’ignorent. J’espère que cette série va aider a ouvrir les yeux du public. Le fait qu’il y ait des allers-retours avec 2016, c’est du science fact, tout ce qui a été mis dans cette série a été au préalable approuvé par des scientifiques. Il n’y a rien de stupide, on ne voit pas de petit homme vert par exemple.

Clémentine Poidatz dans Mars © National Geo
Clémentine Poidatz dans Mars © National Geo

Où est-ce que vous avez tourné ?

C.P: Le tournage s’est déroulé dans des studios à Budapest et du côté d’Erfoud dans le sud du Maroc. Même en maillot de bains les températures étaient inhumaines, alors imaginez en combinaison ! C’était un tournage difficile mais j’en garde de supers souvenirs. Je n’ai qu’une hâte c’est de recommencer, de poursuivre mon personnage. J’ai une chance énorme de travailler avec National Geographic sur un projet comme ça. Mars est une série très ancrée dans la réalité. Les américains ont cette capacité à faire ce genre de film, aussi divertissant qu’éducatif.

Et puis travailler avec Ron Howard c’est fantastique ! Avec toute l‘équipe on est devenu comme une famille. Pas une semaine ne passe sans que l’on s’appelle. Nous avons appris tellement de choses ensemble, on a plongé ensemble sur mars, on a rêvé de mars ensemble. A tel point qu’à un moment, cette planète me rendait dingue.

Je trouve que Mars est le support parfait pour rêver. Sa conquête sera le fruit d’une coopération internationale, c’est le genre de rêve dont nous avons tous besoin, surtout en ce moment. Pendant le tournage, j’avais vraiment l’impression d’être une astronaute, les décors étaient tellement bien faits. Tout était hyper précis, ils ont fait un super boulot. D’ailleurs, de nombreux spécialistes sont intervenus dans cette série pour la rendre la plus réaliste possible.

Clémentine Poidatz dans Mars © National Geographic Channels/Robert Viglasky
Clémentine Poidatz dans Mars © National Geographic Channels/Robert Viglasky

Si demain on vous proposait de tout quitter pour aller vivre sur mars, le feriez-vous ?

C.P : Je crois que j’aimerai bien y aller, même si je suis consciente que c’est un aller simple. Je suis de nature plutôt optimiste donc je suis persuadée que j’irai là-bas un jour. Cela me fait complètement fantasmer d’aller toucher le sol martien. Dès que j’ai le temps, je lis des articles ou des livres sur Mars. Avant, je pensais que les gens qui voulaient tout quitter pour partir comme ça dans l’espace étaient surtout des gens tristes, un peu perdus ou qui fuyaient quelque chose. Mais pas du tout, pour beaucoup d’entre eux ce n’est pas du tout une mission suicide. Mais bon, est-ce que j’ai vraiment la capacité à quitter ma famille ? C’est la seule chose qui me retiendrait vraiment. Ce qui me manquerait aussi c’est la pluie, les nuages, les sons. Partout où vous êtes sur Terre, il y a des nuages. Cela me rendrait dingue d’avoir un ciel uniforme comme celui que l’on peut trouver sur Mars. Et puis le contact avec la Terre est difficile, on n’aurait que les emails pour rester en contact avec les gens restés sur Terre. Dans les missions d’isolement comme Mars 500, les gens coincés à l’intérieur de leur boite savent qu’ils vont sortir quelques mois plus tard. Mais imaginez vivre là bas pour toujours !

Mars va nous pousser à dépasser les frontières, à aller le plus loin possible. C’est une planète hostile oui, mais c’est la moins hostile de toutes. Pour citer Petranek, Mars c’est un peu notre « backup planet« . Car la Terre risque un jour d’être touchée par un astéroïde ou détruite à force de catastrophes naturelles. Mars nous donne en quelque sorte une seconde chance. Mais j’ai cru comprendre que cela ne serait pas forcément la solution définitive car un jour ou l’autre Mars disparaitra aussi, engloutie par le Soleil.

Selon moi, l’exploration de Mars lève aussi des questions politiques. A qui appartient cette planète par exemple ? Comment se passe la gestion des Hommes sur Mars ? Si quelqu’un se comporte mal, on ne va pas nous envoyer la police ! Moi je vois tout cela avec des yeux d’enfant, comme une quête dont nous avons besoin. Je trouve que c’est magnifique de poursuivre un but unique entre plusieurs pays. C’est un sujet porteur d’espoir et de rêve. Mais je crains que, comme bien souvent, les enjeux économiques et politiques soient les plus forts.

D’ailleurs en parlant de coopération internationale, je trouve que c’est un miracle que l’ISS fonctionne aussi bien. En dépit des problèmes diplomatiques, des gens de nationalités très différentes se côtoient et chacun a son quartier. J’adorerais y aller mais peut-être pas pour un an par contre, c’est trop long.

L’exploration de Mars est un but magnifique à poursuivre, j’aimerai tellement que les jeunes soient sensibilisés davantage à ce genre de sujet dans les écoles. Quand je demande à des gens de la génération de mes parents quel est l’évènement qui les a le plus marqué, cette journée où vous rappelez de ce que vous avez mangé, de comment vous étiez habillé, ils me répondent sans hésiter : « les premiers pas d’Armstrong sur la Lune en 1969 ». Pour moi, c’est le 11 Septembre… Savoir que la vie sur Mars est bientôt une réalité me donne envie de me lever le matin. Ça va être l’un des évènements les plus importants que connaitra l’humanité, ça va vraiment changer le monde.

Parfois je me dis que j’aurai bien aimé travailler dans la recherche, faire partie des équipes du JPL (Jet Propulsion Laboratory) et travailler sur les missions robotiques martiennes par exemple. Le robot Curiosity me fascine, c’est le robot le plus mignon du monde, on dirait Wall-E ! Et pourtant on a découvert tant de choses grâce à lui.

A mon avis, les gens qui vont aller sur mars vont avoir une temporalité très différente de la notre. Comme on le voit dans la série Mars, le temps n’est plus le même, les tempêtes par exemple durent très longtemps. Je suis sûr qu’on arrivera un jour à recréer des conditions de vie, avec la terraformation par exemple.

Série Mars de National Geo © Nat Geo
Série Mars de National Geo © Nat Geo

La terraformation justement (le fait de transformer certaines propriétés chimiques d’une planète pour la rendre habitable), vous être plutôt pour ou contre ?

C.P : Par rapport à ce sujet là, j’ai été très influencée par Stephen Petranek, qui lui est totalement pour. Sans terraformation, on ne pourrait pas vivre très longtemps sur Mars. Si on veut installer une vie sur cette planète, être autonome, je suis assez pour dans l’idée. Mais je suis totalement contre le fait de détruire une deuxième planète comme on est en train de le faire sur Terre. On a besoin d’eau et de plantes, c’est très important. Si nous allons sur Mars, nous allons muter sur cette planète, nous consommerons une oxygène artificielle et nous serons soumis à une gravité plus faible. Nos corps vont se modifier, nous serons plus grands, plus allongés.

A vrai dire je suis très curieuse de voir comment ça va se passer. C’est difficile de dire pour la terraformation, je ne connais pas suffisamment le sujet, je n’ai pas lu assez d’articles là-dessus. Quoi qu’il en soit, j’ai peur qu’en voulant faire en sorte que Mars devienne comme notre planète, on risque aussi de détruire son environnement. Dans tous les cas, je fais confiance à Elon Musk, je suis sûr qu’il va continuer à avoir des idées géniales pour nous emmener là-haut !

Pouvez-vous nous en dire plus sur la saison 2 ?

C.P. Aujourd’hui, tout ce que je sais c’est que l’on va tourner avant l’été. Mais c’est tout ! Peut-être qu’il va y avoir une différence de temporalité, je ne sais pas. En tout cas, les acteurs à priori sont les mêmes. Quand on a reçu la confirmation du tournage, on s’est tous envoyé des mails, on était trop contents !

 

Série Mars de National Geo © Nat GeoClémentine Poidatz dans la série Mars © National Geographic

 

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