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Vols paraboliques : l’espace comme si vous y étiez

Flotter dans l’air comme des astronautes, pas besoin d’aller dans l’espace pour cela. En France, Novespace propose des vols paraboliques pour recréer les conditions d’apesanteur à bord d’un avion un peu spécial. Mais comment fonctionnent ces vols et à quoi servent-ils exactement ?

Les vols paraboliques, comment ça marche ?

Organisés à bord d’un Airbus A310, les vols dits « paraboliques » consistent à recréer une situation d’apesanteur en effectuant des montées et des descentes répétées. Lors de ces manœuvres, l’avion va effectuer plus d’une trentaine de paraboles. Ce type de vol nécessite deux pilotes. Le premier commande le tangage et le second contrôle l’axe de roulis de l’avion.

Chaque cycle commence à une altitude de 20 000 pieds. L’avion, qui est alors à l’horizontal par rapport à la surface de la Terre, accélère pour atteindre 810km/h. C’est à ce moment-là que le pilote cabre pour entrer dans la phase de « ressource ». Une fois que l’avion atteint une assiette de 47°, les moteurs s’arrêtent quasiment et le pilote relâche son manche pour faire plonger l’appareil. Pendant 22 secondes, les passagers de l’avion vont ressentir une forte pesanteur, jusqu’à 1,8 fois leur poids. Le pilote attend ensuite la fin de la descente pour aider à stabiliser l’appareil à son altitude de départ, soit 20 000 pieds. Lors du vol, les passagers vont connaitre plusieurs niveaux de pesanteur et pourront ressentir le poid qu’ils auraient s’ils se trouvaient sur la Lune.

Principe des vols paraboliques © JDD
Principe des vols paraboliques © JDD

L’A310 Zéro-G n’est pas un Airbus comme les autres. Il est spécialement aménagé pour accueillir les passagers et permettre aux scientifiques d’effectuer leurs expériences. A l’arrière, les sièges passagers sont conservés comme dans un avion classique, c’est là que prend place l’équipage au décollage et à l’atterrissage de l’avion. Dans la partie avant, tous les sièges ont été retirés pour laisser place à une sorte de cage, bordée de chaque côté par des filets. Il y a des sangles et des barres dans les coins pour permettre aux passagers de se déplacer pendant les phases d’apesanteur. Des caissons fixés au sol accueillent les expériences des scientifiques.

A l'intérieur de l'avion Zéro-G © Novespace
A l’intérieur de l’avion Zéro-G © Novespace

Au total, les passagers des vols paraboliques vivront environ 10 minutes d’apesanteur, c’est bien moins que ceux de l’ISS mais le coût est nettement plus faible. S’ils étaient à l’origine réservés aux scientifiques, les vols paraboliques sont aujourd’hui accessibles au grand public. Comptez tout de même 6000 euros pour vous envoyer en l’air…


Tracé d’un vol parabolique, au départ de Bordeaux © Novespace

« Tom Cruise a fait un vol zéro-G pour l’un de ses films » Thierry Gharib, Directeur Général de Novespace

Thierry Gharib lors d'un vol parabolique © Novespace
Thierry Gharib lors d’un vol parabolique © Novespace

Créée en 1990 sous l’initiative de Jean-François Clervoy, Novespace est une filiale du CNES qui organise des vols en situation d’apesanteur. Depuis Mérignac près de Bordeaux, Novespace a un objectif : démocratiser le vol en apesanteur. Astronova a profité du Paris Air Show pour rencontrer son directeur général Thierry Gharib.

A qui s’adressent les vols zéro-G ?

Nous avons des profils très différents. Il y a évidemment beaucoup de scientifiques qui viennent d’Europe, de Chine ou des Etats-Unis. Mais il y a aussi tous ceux pour qui voler en situation d’apesanteur est une vraie passion. On a vu certaines personnes effectuer jusqu’à trois vols dans l’année. Par exemple, sur les 40 derniers à avoir volé, 5 d’entre eux l’avaient déjà fait.

Est-ce que l’industrie du cinéma a déjà fait appel à vous ?

Oui cela arrive régulièrement. Il y a quelques mois, Universal est venu pour tourner son film La Momie. Tom Cruise a effectué un vol zéro-G car ils avaient besoin de tourner une scène en apesanteur. Ils ont carrément recréé le décor d’un autre avion dans le nôtre. Nous aimons bien travailler avec les studios car ce sont généralement des gens très pros.

Combien coûte un vol parabolique ?

Un vol parabolique coûte 6000 euros. Mais il faut savoir que sur ce montant-là, nous ne faisons aucun profit. Nous reversons d’ailleurs 1/3 de nos revenus aux agences spatiales de qui nous dépendons.

Quel genre d’expérience effectuez-vous lors de ces vols ?

Le principal intérêt des vols paraboliques, c’est de pouvoir s’affranchir de la gravité. Les expériences menées par nos clients sont liées à tous les domaines. Des scientifiques vont par exemple s’intéresser à l’étude de phénomènes physiologiques, au comportement des matériaux en situation d’apesanteur ou à la physique des fluides. Une équipe a par exemple refroidit des atomes pour vérifier certains principes de la relativité. En effectuant des expériences dans ce genre de situation, nous arrivons ensuite à mieux comprendre certains phénomènes sur Terre. Et l’intérêt des vols paraboliques pour les scientifiques, c’est qu’ils sont présents lors des expériences. Sur l’ISS, c’est l’astronaute qui fait les manipulations à la place du scientifique.

Est-ce que d’autres pays proposent des vols en gravité zéro ?

Les Etats-Unis et la Russie proposent aussi ce genre d’expérience mais ils font très peu de science, leur clientèle est avant tout touristique. Si des sociétés américaines comme Universal font appel à nous alors qu’ils pourraient très bien faire ce genre de vol chez eux, c’est notamment parce que nous proposons un meilleur niveau d’expérience et une sécurité plus renforcée que nos concurrents.

Sur quoi travaille Novespace actuellement ?

Aujourd’hui, notre objectif principal est de nous faire connaitre à l’étranger. Avec Electronic Arts, nous avons récemment invité des youtubeurs comme Squeezie à effectuer un vol pour le lancement de leur nouveau jeu qui se déroule dans l’espace.

Squeezie en apesanteur © Compte Twitter de Squeezie
Squeezie en apesanteur © Compte Twitter de Squeezie
Caisson scientifique utilisé lors des vols paraboliques © Astronova
Caisson scientifique utilisé lors des vols paraboliques © Astronova
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