Aérospatial 7 septembre 2016
Conférence du CNES : Thomas Pesquet prépare ses valises pour l’espace
Il est ceinture noire de judo, ingénieur aéronautique, pilote de ligne, parachutiste, plongeur, il parle six langues et dans un peu plus de deux mois et demi, il s’envolera vers l’espace. Entre deux séances d’entrainement, l’astronaute français Thomas Pesquet a tenu il y a tout juste une semaine une conférence de presse depuis Houston aux Etats-Unis. Astronova a eu la chance d’être invité par le CNES à suivre l’évènement depuis les locaux de l’agence spatiale française à Paris. A quelques semaines de son envol pour la Station Spatiale Internationale (ISS), Thomas Pesquet semble fin prêt. Enfin… presque.
En 2009, l’agence spatiale européenne (ESA) lançait un appel aux candidatures pour renouveler son corps d’astronautes. Le plus jeune des six chanceux sélectionnées (sur 8000 candidats !) est un Français : Thomas Pesquet. Ce natif de Rouen de 38 ans séjournera pendant six mois à bord de l’ISS en compagnie d’Oleg Novitsky (Roscosmos) et de Peggy Whitson (NASA) qui deviendra la capitaine de cette mission baptisée Proxima. Il y effectuera pas moins de 55 expériences scientifiques dans des domaines aussi variés que la science des matériaux, la biologie ou la médecine. A quelques mois du départ, Thomas Pesquet et ses collègues en sont aux derniers préparatifs.
Un entrainement de choc
Depuis des mois, les trois astronautes suivent un lourd programme d’entrainement dont le sport occupe une place d’honneur : « Comme je le dis souvent, plus on est en forme en partant, plus on est en forme en rentrant. C’est pour ça que je passe beaucoup de temps en salle de sport. Une mission de six mois dans l’espace n’est pas facile pour le corps humain. Il y a de grandes pertes musculaires et osseuses. Notre corps doit résister à des phases dynamiques très importantes : on prend 4G au décollage et jusqu’à 8 ou 9G à l’atterrissage si ça se passe de manière dégradée ! »
Les astronautes font aussi beaucoup de mises en situation pour tester leur résistance et leurs compétences. Le programme de spéléologie Caves, mis au point par l’ESA, a quant-à-lui pour objectif de tester leur cohésion d’équipe et leur capacité à travailler ensemble. L’atelier NEEMO de la NASA est un module d’entrainement au cours duquel Thomas Pesquet est resté plusieurs jours sous l’eau dans une sorte de mini-base sous-marine. Les sorties sous l’eau en scaphandre simulant à merveille les sorties extravéhiculaires qu’il effectuera dans l’espace dans quelques mois. Mais l’entrainement des agences spatiales a beau être très complet, astronaute est un métier qui s’apprend également sur le tas.
« Un ancien astronaute m’a dit qu’une fois à bord de l’ISS, 50% des choses que l’on fait sont des choses pour lesquelles on n’a jamais été vraiment préparé » explique d’ailleurs Thomas Pesquet. « Ce qui me fait le plus peur ? Le décollage à bord du Soyouz. Là on est beaucoup plus exposé car on est littéralement attaché à un réservoir de carburant et on n’a pas le contrôle. »
« Il faut être bon partout »
Entre sa formation d’ingénieur, son expérience de pilote de ligne et sa ceinture noire de judo, le CV de Thomas Pesquet a de quoi faire saliver. Il le rappelle d’ailleurs lui-même : il faut être bon partout. « On est tous bons en sport, mais aucun d’entre nous n’est sportif de haut niveau. On est tous bons en sciences, mais aucun d’entre nous n’est Prix Nobel. On parle tous plusieurs langues, mais aucun d’entre nous n’est totalement bilingue. Il faut savoir tout faire à la fois avec un niveau suffisant. »
La journée type d’un astronaute, ça ressemble à quoi ?
A bord de l’ISS, les astronautes commencent généralement leur journée un peu comme sur Terre, à quelques petites différences près : ici, la douche matinale se prend à coup de lingettes et le détachement des harnais de sécurité fait office de saut du lit. Chaque matin, Thomas suivra une conférence audio avec les centres de contrôle des différentes agences spatiales du monde : l’ESA, la NASA, Roscomos (l’agence russe) et la JAXA (agence japonaise). Rapide question/réponse de 15-20 minutes sur les problèmes rencontrés la veille. Les astronautes prennent ensuite connaissance de leur mission du jour et de leur agenda.
Les missions scientifiques occupent une place importante dans les tâches qui lui seront attribuées. Toute la matinée, Thomas effectuera les expériences scientifiques avant, le plus souvent nous dit-il, de grignoter un sandwich sur le pouce. La deuxième partie de la journée est généralement dédiée à l’entretien de la station. L’ISS nécessite de nombreuses opérations de maintenance et de logistique. Il faut dire que le moindre pépin matériel peut s’avérer fatal, il est donc essentiel de veiller à ce que l’équipement fonctionne et soit en bon état.
Le soir, les astronautes filent à la salle de sport pour 2h30 d’exercice. Il y a un tapis de course côté russe, un autre côté « occidental », un vélo et même une machine de musculation. Une fois la journée terminée, Thomas retournera discuter avec les équipes des agences spatiales lors de la conférence de clôture. C’est seulement à partir de ce moment là que les astronautes ont un peu de temps libre. Thomas sait déjà comment il l’occupera. Il observera la Terre depuis sa coupole, appellera sa famille et pourra même regarder un DVD.
Mais la « routine » spatiale est parfois bousculée par des évènements plus ponctuels comme l’arrivée d’un cargo de ravitaillement en plein milieu de la nuit ou une EVA (sortie dans l’espace). Ces dernières peuvent d’ailleurs durer jusqu’à six heures et demandent une longue préparation.
Thomas Pesquet est « prêt à 95% »
Thomas va profiter de son dernier passage à la NASA pour peaufiner son entrainement en robotique, notamment en piscine. Les briefings auxquels il participe sont de plus en plus concrets, sur l’état des réserves à bord par exemple, et lui rappellent que le départ n’est plus pour dans très longtemps. Il reviendra ensuite en Europe, dans les locaux de la DLR (agence spatiale allemande) à Münich pour retravailler les programmes scientifiques, partie sur laquelle il est à l’heure actuelle le moins avancé. A ce niveau, il s’agit surtout de mesures avant vol.
Enfin, il se rendra à Moscou pour l’examen final qui doit valider ou non ses acquis et lui donner le « go » final avant envol. Cette étape comprend le test fatidique de la centrifuge qui lui permettra de simuler le décollage en Soyouz.
A la question « Pensez-vous qu’une mission sur Mars, pour vous ou l’humanité en général, soit envisageable à l’horizon 2030 ?», il sourit et déclare qu’ « il n’est pas le moins bien placé car il est le plus jeune pour l’instant ». En attendant de fouler la planète rouge, il y a son baptême de l’espace et ça c’est pour dans quelques semaines maintenant…
1 Comment
by Jacq
Un bel article sur la dure vie d’un astronaute… qui ne tient à pas grand chose !
by John Howard
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