Sais-tu de quelle manière observer une planète à l’œil nu et la distinguer d’une étoile ? Pour débuter l’astronomie 2016, Astronova t’explique comment te repérer dans le ciel parmi toutes ces étoiles et faire la distinction entre une planète et une étoile.

Lorsqu’on débute l’observation du ciel, on apprend très rapidement à reconnaître une planète. J’imagine que toi, derrière ton écran, tu t’es dis à plusieurs reprises « je sais pas comment ils font pour savoir que tel point lumineux est telle planète ou telle étoile ».

La vérité, c’est que c’est simple. Très simple, même.

Observer une planète à l’œil nu (et les autres aussi).

Repérer le Nord puis l’écliptique

Pour ne pas chercher en vain les planètes, il faut déjà savoir où passent leur trajectoire dans le ciel nocturne. Car oui, globalement, les planètes empruntent une même trajectoire depuis notre point de vue. Cette trajectoire s’appelle l’écliptique.

Pour trouver l’écliptique depuis l’hémisphère Nord, il faut déjà savoir identifier le Nord. Pour ce faire, il convient d’utiliser l’une des connaissances communes à presque tout le monde : la Grande Ourse, que l’on reconnaît par son astérisme* (définition en fin d’article) de la Grande Casserole. L’un des segments défini dans la Grande Casserole et reporté 5 fois dans la bonne direction donne l’indication du Nord, comme le montre le schéma ci-dessous. La Grande Ourse est visible toute l’année, dans diverses positions autour de l’Etoile Polaire.

Une fois que vous avez repérer le Nord, grâce à l’Etoile Polaire, il vous faut faire un demi-tour complet : vous ferez alors face au Sud et à l’écliptique. A votre gauche, vous aurez l’Est, à votre droite, vous aurez l’Ouest.

Les planètes suivent globalement le même chemin que le Soleil : elles se lèvent à l’Est, passent au plus haut dans le ciel en indiquant le Sud puis elles se couchent à l’Ouest. Ce chemin parcouru par le Soleil et les planètes, c’est l’écliptique. La Lune traverse ce chemin céleste tous les jours. L’écliptique tient d’ailleurs son nom de phénomènes naturels admirables : les éclipses. C’est lorsque la Lune se situe sur l’écliptique, dans des configurations particulières avec la Terre et le Soleil, qu’ont lieu les éclipses de Lune ou les éclipses du Soleil.

De notre point de vue, sur Terre, l’orbite des planètes est globalement la même (à l’exception de Pluton, mais ne rentrons pas aujourd’hui dans un débat sur la nature de l’ancienne planète). Ci-dessous, une copie d’écran du logiciel Stellarium (gratuit et téléchargeable ici) vous montre l’orbite de Saturne qui passe à proximité de Vénus, de Mars, de la Lune et de Jupiter. Cette configuration planétaire sera visible le 01/01/2016 aux environs de 7h.

Ainsi, si un astre particulièrement brillant se situe sur cette ligne imaginaire (il s’agit d’ailleurs plutôt d’un cercle), il est fort à parier qu’il s’agira d’une planète. Telle est donc la première technique pour observer une planète à l’œil nu.

Le mouvement des planètes

A ce stade, il est utile de préciser qu’il n’est pas possible d’observer toutes les planètes du Système Solaire à l’œil nu. Ainsi, Neptune et Uranus sont trop éloignées de la Terre : vous ne les verrez pas sans instrument (à fort grossissement). Mercure est très difficilement visible car située très près du Soleil, elle suit son mouvement et ne sera visible qu’au-dessus de l’horizon au lever ou au coucher du Soleil.
Par ordre de luminosité, les planètes facilement observables et repérables sont Vénus (l’Etoile du Berger, l’astre le plus brillant dans le ciel après le Soleil et la Lune), Jupiter, Saturne et Mars. Dans certaines configurations, la planète Mars peut néanmoins être très brillante.

De manière générale, les planètes observables à l’œil nu sont plus brillantes que la majorité des étoiles. C’est justement ces points lumineux qu’il va vous falloir repérer sur plusieurs nuits de suite, de préférence. Vous le remarquerez très vite : certains de ces points lumineux ne seront pas exactement à la même place dans le ciel, par rapport aux étoiles qui l’entouraient la veille.

En Grec ancien, le mot [πλανήτης, planētēs] signifie errant. Ainsi, étymologiquement, le terme [planète] est un astre errant.

Plus une planète est proche de la Terre, plus elle bougera rapidement.

Chaque planète bouge à un rythme qui lui est propre : cela dépend de son orbite. L’orbite d’une planète correspond à la trajectoire empruntée par une planète pour boucler sa révolution autour du corps autour duquel est gravite. Ainsi, la Terre orbite autour du Soleil en 365,25 jours, l’orbite de la planète Mercure est bouclée en 88 jours. Quant à celle de Saturne, elle est de 29 années terrestres. Pluton boucle une révolution autour du Soleil en 247,74 années terrestres.

La Terre bouge à son propre rythme. Puisqu’elle est située à l’intérieur du système Solaire par rapport à Mars, Jupiter et Saturne, ces planètes forment ce que l’on appelle une boucle de rétrogradation. Lorsque la Terre rattrape une autre planète, cette dernière semble retourner en arrière dans sa course (par rapport aux étoiles très lointaines) pour quelques temps, puis reprendre une course normale. Cette boucle de rétrogradation est un excellent moyen pour repérer une planète d’une étoile.

Le mouvement plus rapide de ces astres, par rapport au fond stellaire, ainsi que les boucles de rétrogradation, sont un autre excellent moyen pour observer une planète et la distinguer d’une étoile.

Le scintillement

Ou plutôt l’absence de scintillement.

Les étoiles ont une particularité : elles produisent de la lumière. Elles ont également une autre particularité : elles sont toutes (à l’exception du Soleil) plus éloignées de la Terre que les autres planètes du Système Solaire.

La combinaison de ces deux particularités donnent un effet physique intéressant causé aussi par notre atmosphère dense : les étoiles scintillent tandis que les planètes ne scintillent pas. L’éclat d’une planète restera toujours le même (puisqu’elle réfléchit la lumière). Il ne variera pas infiniment, de manière à produire un scintillement perceptible à l’œil nu.

Ainsi, le dernier moyen pour observer une planète à l’œil nu est l’absence de scintillement qui est, à contrario, présent sur TOUTES les étoiles visibles sans instrument.

Observer une planète à l’oeil nu : aller plus loin.

Maintenant que vous savez reconnaître une planète d’une étoile, vous allez pouvoir partir à la chasse aux astres errants !

A l’heure de l’écriture de ces lignes (31/12/2015), Jupiter est visible au-dessus de l’horizon Est aux environs de minuit. Le matin, avant l’aube, vous pourrez observer d’Est en Ouest : Saturne, Vénus, Mars et Jupiter.

Mars est facilement reconnaissable du fait d’un faible éclat rouge.
Jupiter a un éclat supérieur aux autres étoiles (mais pas à Vénus, qui est une planète). Elle est légèrement orangée. En pointant des jumelles sur Jupiter, vous pourrez observer 4 petits points lumineux alignés, autour de la planète. Il s’agit de ses 4 plus gros satellites naturels : Io, Callisto, Europe et Ganymède. Pour observer la tache rouge de Jupiter, il faudra nécessairement un télescope (de 200mm de diamètre avec un grossissement de l’ordre de 400 fois).
Vénus est naturellement très brillante et très grosse. Elle est la planète la plus proche de la Terre et de couleur plutôt blanche.
Mercure est légèrement orangée, mais difficilement observable.
Saturne est également orangée. Il est possible de distinguer une forme d’anneaux autour de cette planète avec de simples jumelles.

Si vous utiliser des jumelles pour l’observation, accoudez-vous pour diminuer des tremblements inopinés.

Sur ces bonnes paroles, nous serions très intéressés par vos retours d’expérience ! N’hésitez pas à nous signaler si vous avez pu observer une planète à l’œil nu !

L’équipe d’Astronova vous souhaite une excellente année 2016, sous les astres.

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*Astérisme : figure remarquable dessinée par des étoiles brillantes.