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Salyut-7, le Gravity venu du froid

Salyut-7 retrace l’histoire d’une mission top secrète de deux cosmonautes appelés au secours pour tenter de sauver une station spatiale soviétique en péril. Ce film, inspiré d’une histoire vraie, souffle un véritable vent de fraîcheur sur le cinéma de science-fiction et nous change des superproductions hollywoodiennes. 

Nous sommes le 6 juin 1985. Cela fait maintenant 4 mois que les autorités soviétiques ont perdu tout contact avec leur station spatiale Salyut-7. Le commandant de vol Vladimir Fedorov (le cosmonaute dont il s’inspire s’appelle V. Dzhanibekov) est appelé à la rescousse. Sans hésitation, il embarque avec son ingénieur de vol préféré, Victor Alyokhin (V. Savinikh), à bord d’un Soyouz T-13 pour remettre la station en état de marche et éviter qu’elle ne vienne s’écraser sur Terre.

L’enjeu est immense. On parle de la réputation de la recherche spatiale soviétique et de l’honneur de tout un pays. Mais paradoxalement, les moyens mis en place pour réussir le sauvetage sont faibles et la mission à haut risque.

Une mission de sauvetage extrêmement périlleuse

Le principal défi de la mission est lié à l’amarrage : le système de docking de la station est HS. Sans compter que la station spatiale tourne très rapidement sur elle-même et l’amarrage d’une capsule Soyouz sur une station de ce type est très délicat. En véritable héros et en toute modestie, Dzhanibekov parvient sans surprise à amarrer les deux appareils en pilotage manuel. C’est pour ça que le commandant russe a été sélectionné, il a prouvé son adresse de pilote sur des vols précédents.

Autre problème : les vivres. En début de mission, l’équipage avait de quoi tenir 8 jours. Mais les deux soviétiques sont contraints de rationaliser nourriture et oxygène au maximum pour se laisser 4 jours d’autonomie supplémentaires nécessaires au sauvetage.

La complexité de la mission et son timing très serré poussent alors nos deux cosmonautes à prendre des risques démesurés. Ils se lancent par exemple sans hésitation dans une EVA (sortie dans l’espace) alors que leur médecin resté au sol le leur interdit formellement. Ce dernier ne sera d’ailleurs jamais écouté tout au long du film… Finalement, ce sont sans doute cette capacité à prendre des risques et une certaine idée du sacrifice humain qui ont contribué à forger la réputation du spatial russe et nourrit la propagande soviétique de l’époque.

Un point technique que ne montre pas très bien le film, c’est que les deux cosmonautes ne pouvaient être tous les deux en même temps dans la station. Lorsque l’un deux est à l’intérieur à la recherche d’éventuelles pannes ou brèches, l’autre devait rester à bord de la capsule Soyouz. Son rôle ? Surveiller le taux de CO2 à bord de la station spatiale et éviter que son collègue ne soit victime d’empoisonnement au carbone. En effet, la station en péril est très mal ventilée et l’air peut y être toxique.

Certaines scènes sont dignes de la mission Apollo lors desquelles les scientifiques s’affairaient à trouver des solutions dans les pires situations. En réalité, ce film illustre parfaitement le quotidien des astronautes : passer son temps à résoudre des problèmes. Comme le témoigne Savinikh dans son journal de vol après avoir réussi à réorienter la station et charger des batteries : « Ce jour-là a été la première étincelle d’espoir joyeuse face à cette montagne de problèmes, d’incertitudes et de difficultés auxquelles Volodya et moi devions faire face ».

Une station spatiale gelée à la dérive

Petit à petit, les deux camarades se rendent compte qu’au-delà du temps limité pour accomplir leur mission, leur véritable adversaire est le froid extrême qui règne à bord de la station. Pour avoir une idée de la température, Dzhanibekov s’était, dans la vraie histoire, soulagé sur une couche d’isolation proche d’un hublot avant de se rendre compte que son urine avait gelé en moins de 3 secondes ! Lors de leur retour sur Terre, les deux cosmonautes racontaient également que même leur salive gelait elle aussi par moments. A croire qu’il n’y avait que des russes habitués des températures négatives pour réussir une telle mission.

On se les gèle dans la station © Salyut
On se les gèle dans la station ! © Salyut

Tout compte fait, le film du réalisateur russe Khlim Shipenko n’a rien à envier au colossal Gravity, auquel il fait parfois référence. Bien moins commercialisé que son homologue américain, Saluyt-7 plaira aux curieux ou nostalgiques des grandes années du spatial russe. Mais son intérêt est ailleurs. Ce film donne surtout un éclairage très intéressant sur l’une des missions de sauvetage les plus ambitieuses – et pourtant méconnue, de l’histoire de la conquête spatiale.

 

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