Astronomie 9 août 2018
Pourquoi Ganymède éjecte-t-elle de violentes vagues de plasma ?
Des scientifiques viennent de faire une découverte pour le moins surprenante sur Ganymède, l’une des 79 lunes de Jupiter. L’astre rejetterait de manière régulière des vagues de plasma d’une puissance inouïe.
Tout commence dans la magnétosphère de Ganymède. Comme notre Terre, la plus grande lune de Jupiter possède un champ magnétique. Nécessaire à la vie, la magnétosphère joue un rôle crucial car c’est elle qui permet à une planète de se protéger des radiations.
Plus grande que Mercure, elle remplirait les deux tiers de Mars. Ganymède est la plus grande des lunes joviennes et la plus grande du système solaire. Elle avait déjà fait parler d’elle il y a quelques années en étant reconnue comme la seule lune à avoir réussi à créer son propre champ gravitationnel. Les scientifiques pensent même qu’un océan liquide pourrait couler sous sa croûte, comme c’est d’ailleurs le cas sur ses cousines Europe et Encélade.
Ganymède a beau être massive, il y a à côté d’elle une voisine bien plus encombrante : Jupiter. La géante gazeuse a une influence considérable sur sa lune. Le champ magnétique de Jupiter est le plus grand du système solaire et est 20 000 fois plus puissant que celui de la Terre !
Les deux corps sont tellement proches l’un de l’autre que parfois, les lignes de champ magnétique de Ganymède croisent celles de Jupiter. Le choc crée des vagues de plasma qui se déversent sur Ganymède sous forme de pluie de particules.
Des jets de plasma 1 000 000 fois plus puissants que la normale
En épluchant les données collectées par la sonde Galileo dans les années 1990, une équipe de recherche basée en Allemagne vient de publier une nouvelle étude sur le système jovien et les échanges de plasma qui s’y produisent.
Le plasma justement, qu’est-ce que c’est ? La matière se présente sous différents états. Au quotidien on la connait surtout sous un état solide. Si on la chauffe, cette matière devient liquide puis gazeuse. Si on la chauffe encore jusqu’à atteindre plusieurs millions de degrés, les atomes se disloquent, le noyau se sépare des électrons et se forme alors un mélange neutre et désordonné. La matière atteint un nouvel état : le plasma. Sur Terre on ne trouve pas de plasma à l’état naturel, si ce n’est dans les éclairs et les aurores boréales.
Au-delà d’en recevoir de la part de sa planète mère, Ganymède produit également elle-même du plasma. On distingue plusieurs types de vagues de plasma différentes. Celles qui nous intéressent aujourd’hui sont les vagues dites « chorus ». Ces vagues de très basse fréquence doivent leur nom au bruit qu’elles émettent une fois retranscrites sous forme d’onde sonore (on dirait des chants). Sur Terre, les vagues chorus sont notamment responsables des aurores boréales. Mais elles peuvent aussi créer des « électrons tueurs » de très haute énergie qui sont une réelle menace pour les équipements en orbite autour de notre planète.
Les scientifiques viennent de découvrir que les vagues chorus de Ganymède sont un million de fois plus intenses que la moyenne ! « Il est très surprenant d’observer qu’une lune dotée d’un champ magnétique puisse créer une telle intensification de la puissance de ces vagues de plasma » commente Yuri Shprits de l’Université de Potsdam.
Pour le moment, les scientifiques ne peuvent expliquer précisément l’origine et la fréquence de ces fortes vagues de plasma. Mais une chose est sûre, elles seront à considérer très sérieusement lors des futures missions d’exploration à la surface de Ganymède.