Astronomie 24 septembre 2020
Le jour où on a failli découvrir la vie sur Vénus
Un véritable big bang ! Alors que tout le monde ou presque avait la tête tournée vers Mars pour découvrir les premières traces de vie extraterrestre, c’est sur Vénus que le miracle s’est produit. Enfin, presque…
« Enorme nouvelle ! », « La Vie sur Vénus », Le collectif scientifique à l’origine de la découverte avait déployé un beau teasing pour susciter l’engouement autour de cette découverte. Ce 14 Septembre, la Royal Astronomical Society venait d’annoncer la découverte de phosphine dans l’atmosphère de Vénus. Et selon nos connaissances actuelles de la chimie et de la formation du vivant, ce gaz ne peut exister, dans les quantités observées, que par l’intervention d’organismes vivants.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, de quoi parle-t-on lorsque l’on évoque une vie extraterrestre? Que l’on soit bien clair, il faut se sortir les images du film E.T. de la tête. Lorsque l’on parle de recherche de traces de vie extraterrestre, on parle d’une vie qui n’aurait pas trouvé son origine sur Terre. Pour faire simple, on s’attend donc davantage à trouver des traces de la taille d’une bactérie que celles de petits hommes verts.
La source de l’étude précise tout de même qu’une forme de vie ne serait pas la seule responsable de cette trace de phosphine et que le gaz aurait pu apparaitre suite à divers processus chimiques. Plus la conférence passe, et plus les équipes se sentent obligées de répéter ce dernier point, comme si elles revenaient à la raison et se rendaient compte que leur équipe communication avait sans doute un peu survendu l’annonce.
Dans leurs premières hypothèses, les scientifiques du MIT et de l’Université de Cardiff à l’origine de la découverte, imaginaient que cette vie bactérienne pourrait se trouver en altitude, dans les couches basses de l’atmosphère de Vénus. Mais c’est finalement à une altitude bien plus élevée que la découverte a eu lieu. Le phosphine, ce gaz hautement toxique et transparent, est également présent sur Terre, mais dans des quantités infimes. Paradoxalement, il est d’ailleurs plutôt utilisé pour détruire la vie (insecticides notamment) que pour la créer.
Interrogé sur la similitude entre cette découverte et les traces de phosphine découvertes sur d’autres planètes du système solaire, le Dr William Bains répond que son équipe et lui sont « très confiants sur le fait que le type de chimie observée sur Saturne ou Jupiter n’est pas la même que celle qui a produit ces molécules de phosphine sur Vénus. Les conditions sont très différentes en ce qui concerne la pression et la température. »
Une mission sur Vénus ?
Ces dernières années, Vénus semblait presque ignorée du grand public. Pourtant, la planète est la plus proche de la Terre et a été la cible de nombreuses missions, notamment dans les années 70 avec les sondes russes Venera. Rarement une annonce scientifique n’aura donc autant gêné et créé de controverses. Cette découverte et la vague de communication qui en a suivi auront eu au moins un avantage. Celui de remettre le projet d’une mission vénusienne sur la table. Car comme l’explique Jane Greaves, qui dirige l’équipe internationale à l’origine de la découverte, « il faut maintenant motiver une mission sur Vénus pour faire des mesures plus précises ». Et à ce jeu-là, la professeure à l’université de Cardiff rappelle que des ballons seraient sans doute la meilleure option. Ceux-ci pourraient rester sur place des années, en stationnaire dans les altitudes de Vénus.
Vénus c’est 460°C en surface. Un effet de serre si intense, que même le périphérique de Pékin en heure de pointe vous paraitrait être une bouffée d’oxygène. Comment la vie a-t-elle pu apparaitre dans un enfer pareil ? Et sous quelle forme ? Autant de questions auxquelles les scientifiques vont maintenant chercher des réponses. Mais avant cela, ils vont devoir continuer à défendre leur découverte, aussi intéressante soit-elle.