Culture 8 mars 2017
Valentina Tereshkova : la destinée hors du commun de la première femme dans l’espace
En cette Journée des Droits des Femmes, Astronova vous propose de revivre l’histoire de cette femme qui aura, un peu par hasard, marqué la conquête spatiale. Sur fond de propagande soviétique et en dépit de nombreuses difficultés techniques, la russe Valentina Tereshkova a été la première femme à aller dans l’espace.
Nous sommes en 1963, en pleine Guerre Froide. La course à l’espace bat son plein entre les Etats-Unis et l’URSS. Les deux pays fournissent des efforts considérables pour imposer leur suprématie technologique et l’espace devient petit à petit leur terrain de jeu. En URSS, Youri Gagarine vient tout juste de marquer l’Histoire en étant le premier Homme à aller dans l’espace. Fiers de ce succès, les soviétiques veulent désormais constater le comportement du corps d’une femme en situation de gravité. Ça, c’est la raison scientifique. A l’époque, c’est aussi et surtout l’occasion pour eux de montrer qu’en URSS, aller dans l’espace est à la portée de tout le monde.
Valentina Tereshkova, l’ouvrière devenue cosmonaute
Pour candidater, il fallait être une femme, être âgée de moins de 30 ans et avoir si possible une expérience en parachutisme. Gagarine a mené la sélection lui-même. En mars 1962, cinq candidates sont sélectionnées dans toute l’URSS et se retrouvent à Moscou pour la dernière étape de recrutement. Deux d’entre elles sont ingénieures, on compte aussi une institutrice et une autre est sténographe. Mais une jeune femme de 18 ans, du nom de Valentina Tereshkova, a un profil complètement différent puisqu’elle est ouvrière du textile. Elle est certes moins éduquée mais est particulièrement douée pour le parachutisme. C’est finalement elle qui est choisie par Nikita Krouchtchev en personne pour accomplir cette mission historique.
Les Américains ne doivent pas être au courant du projet, celui-ci est donc organisé dans le secret le plus total. Pour justifier son départ à Moscou, Valentina explique à sa mère qu’elle rejoint la capitale pour une compétition de parachutisme. La jeune femme y suivra exactement les mêmes tests que les hommes : centrifugeuse, isolement dans une pièce insonorisée ou encore des tests en milieu de zéro-gravité.
Un vol de tous les dangers
Un an seulement après sa sélection, Valentina embarque à bord d’une capsule Vostok-6 direction l’espace. La mission consiste à tourner autour de la Terre pendant environ 3 jours. Au final, elle effectuera 48 orbite autour de notre planète. Pendant son voyage, elle entrera même en communication avec un autre cosmonaute, envoyé dans l’espace deux jours plus tôt.
Mais le voyage n’est pas de tout repos et tout ne se passera pas comme prévu. Une fois dans l’espace, la jeune cosmonaute se rend compte d’un problème. A cause d’un logiciel de bord déficient, le vaisseau dans lequel Valentina se trouve s’écarte de plus en plus de la Terre au lieu de retomber lentement vers sa surface. Le personnel au sol s’en rend compte juste à temps pour rectifier le tir et éviter que la capsule ne se perde dans l’infini de l’espace.
Entre position très inconfortable et de nombreuses nausées, le vol est particulièrement douloureux pour la russe. Compressée sous le poids de son scaphandre, elle a avoué avoir ressenti des douleurs au niveau des épaules et des jambes.
Le retour sur Terre a lui aussi posé problème, les communications avec le sol se sont coupées pendant la descente. L’atterrissage a eu lieu dans la région de l’Altai, une zone du sud de la Russie, coincée entre le Kazakhstan et la Mongolie. Perdue dans cette zone montagneuse, les scientifiques soviétiques mettront cinq heures à la localiser.
Valentina s’éjecte comme prévu de la capsule mais se retrouve au-dessus d’un lac, elle utilisera ses compétences en parachutisme pour rejoindre la terre ferme. Pendant ce temps, elle est découverte par des locaux qui l’aident à s’extraire de son scaphandre et l’invitent à diner. Elle accepte immédiatement étant donné qu’elle n’avait rien mangé pendant les trois jours du voyage.
Au moment de l’impact, la jeune cosmonaute s’écrasera le nez contre son casque et sera même obligée de cacher la blessure sous du maquillage lors des cérémonies officielles qui ont suivi. Pour ne pas ternir la propagande de l’époque, Valentine a été contrainte par Sergueï Korolev, responsable du programme spatial soviétique, de garder le secret entourant cette mission, ce qu’elle fera pendant 30 ans.
Le 6 mars dernier, à l’occasion de son 80ème anniversaire, Vladimir Poutine en personne a d’ailleurs offert deux cadeaux tout à fait uniques à Valentina Tereshkova. Ils font allusion à son nom de code, « Tchaïka » (mouette) : la sculpture « Mouette se posant sur l’eau » et la peinture « Mouettes sur la Volga ». Valentina Tereshkova reste à ce jour la plus jeune femme à être allé dans l’espace, elle n’avait à l’époque que 26 ans.